ÉCRIVAIN DANS L'ESPACE PUBLIC

Transmettre de la vie dans l'écriture et de l'écriture dans la ville, mettre en scène paroles et pensées sur les traces éphémères de nos déplacements dans l'espace public  

À travers des performances, je mets en scène les usages de la langue, qu'elle soit une conversation ou un monologue, par une inscription éphémère à la craie, qui nous rassemble dans l'espace public. Jusqu'à présent, j'ai écrit dans les rues de Marseille (Aude ; Les Traversées de l'Ombrière ; J'attends et j'ai la tête de celui qui n'aime pas ça), Paris (Amitiés) et Palerme (Pazza Marina). Le dispositif évolue à chaque tentative, pour le moment il est le suivant : avec de la craie, pendant plusieurs heures, les personnes présentes me dictent le texte, ce sont celles que j'ai conviées, ou les inconnu·es, les passant·es, au hasard. Ce texte, je l'ai écrit avant, il s'inspire du lieu, ses mémoires et ses fictions. Il n'y a pas d'impression du texte, mais des prolongements de la performance par d'autres moments, archives ou d'autres mises en scène. Par ailleurs, je développe aussi des formes de texte plus pérennes, avec des formats de fresques, comme à Palerme, (Il Papireto), en septembre 2024.

En 2021, lors d'une itinérance à pieds dans la Barbagia sarde, je découvre l’art des murales, ces fresques peintes qui retracent les us et coutumes locales sur les murs des villages. À partir de là, je commence à faire des frontières entre écriture et espace public le centre de ma pratique, une identité à défendre. Mon lien avec l'Italie se renforce depuis ce temps là, et j'ai effectué en Sicile, une résidence en février et mars 2024, grâce au programme KulturEnsemble, porté par les Instituts français et Goethe de Palerme, et financée par l'Office Franco-Allemand pour la Jeunesse (O.F.A.J).

Un engagement pour une littérature dans l'espace public

Lors des performances dans l'espace public, l'utilisation de la craie est très importante pour moi, pour son caractère éphémère. Avec la disparition du texte (que je prolonge dans les archives impermanentes) apparaît la notion d'écriture sous celle de littérature, la trace, l'empreinte, plutôt que l'objet. J'aime que le texte n'existe plus que dans les souvenirs, sans autres attaches, mais comme un pur moment de vie. L'impermanence de l'écriture me permet de prendre mes distances avec la littérature, et d'aborder un autre champs de l'inscription, notamment dans une démarche participative et in situ.

Faire bouger les lignes de notre rapport à la lecture me plaît beaucoup. J'espère proposer avec mes performances un geste qui décomplexe le métier de produire des fictions. La mise en résonance de la littérature avec des domaines tels que l'architecture, l'art de rue, la géographie, l'histoire, m'entraîne vers la composition de récits à la fois ancrés au lieu, non répétables, et favorisant des imaginaires, pour les retranscrire à une place que je juge juste : impermanente, accessible, participative.

Parallèlement à ma pratique, je mène des ateliers sur notre rapport à l'espace public. Questionner le rapport des enfants à l'espace autour de l'école, ou à leur environnement (notamment avec le projet Écrire la Bièvre), est pour moi une manière de révéler une nouvelle identité des lieux quotidiens que nous avons en partage.

. ÉCRIRE LA BIÈVRE : pour une continuité des petites rivières urbaines

Depuis le printemps 2024 je porte une initiative artistique et pédagogique autour de la Bièvre : Écrire la Bièvre. Je développe la continuité des imaginaires d'un élément naturel, en essayant d'écrire un texte, dont la mesure n'est pas la page, mais les kilomètres de la rivière. Écrire tout le long des rives, pour créer une représentation de la Bièvre, qui, pour le moment, à cheval sur cinq départements, ayant totalement disparu à Paris, offre des contrastes qui freinent la continuité écologique. J'espère que la continuité des imaginaires pourra participer à ces réflexions plus large sur la place de l'eau en ville, et le destin des rivières urbaines. Je paticipe ainsi à des résidences sur les territoires concernés, où je mène des recherches, des enquêtes, des ateliers, afin d'aboutir, tronçon par tronçon à l'écriture d'une ligne de 35 kilomètres.

. Projets collectifs

En même temps que mon activité de performance, j'écris des textes pour la scène et participe à des projets collectifs, comme celui de Plonger Orchestral, porté par la Compagnie Exuvie (basée à Tours). Plonger Orchestral est une itinérance à vélo, de Clermont-Ferrand à Marseille, du 23 septembre au 13 octobre 2024, rassemblant 9 artistes, pluridisciplinaires, autour des arbres et du milieu forestier. Nous proposons des journées avec une programmation de spectacles, de performances, et d'ateliers, ainsi que des débats avec les acteur·ices du territoire.

En 2024, j'ai cofondé avec Elsa Marchand-Cormery, médiatrice culturelle et productrice sonore, l'association Béton Sillons, qui crée un lien entre l'urbain et le rural, à travers nos pratiques d'écriture et du son, orientées ensemble vers le témoignage des habitant·es des lieux dans lesquels nous travaillons, et leur restitution collective. Pour le moment, nous nous dédions avec beaucoup d'enthousiasme à la ville d'Issoudun, où nous avons pu effectuer une première résidence au Moulin de Landrôle en avril 2024. Nous aimons passionément le Berry, sans trop pouvoir donner un sens rationnel à cette passion.

En 2016, en parallèle de mes études de lettres et d'édition à Villetaneuse, j'ai cofondé avec Arthur Scanu le collectif de poésie multimédia PAN!21, actif jusqu'en 2022. Cette période a été un moment d'expérimentation de formats numériques et de décloisonnement de la représentation de la poésie en dehors des lieux dédiés.

J'habite à Marseille. Je suis né en 1995.

La photo en haut de page a été prise par Julie Trinckvel lors de la performance AMITIÉS, qui a eu lieu en septembre 2023, dans le 13e arrondissement de Paris