PERFORMANCES

2021-2024

Les performances sont présentées à partir de la plus récente.
Des photos de l'événement ainsi que le début de chaque texte suivent la présentation.
Pour ce qui est des archives et autres prolongements,
je vous invite à aller voir de ce côté-ci.

PAZZA MARINA

27 février 2024 - Piazza Marina - PALERMO (Italie)

Performance réalisée autour du Giardino Garibaldi, Piazza Marina, à Palerme. Avec l'histoire complexe de la place, j'ai décidé d'écrire un texte de fiction qui en serait comme la voix séculaire. Je cherchais l'expression du temps par l'incarnation dans un personnage dont on saisirait le cheminement autour de la place. Ainsi j'ai utilisé l'écriture comme une synthèse sensible des strates mémorielles du lieu, une caractéristique sicilienne de l'urbanisme. Cette ligne à la craie est devenue une couche de sens supplémentaire, qui s'est effacée à la première pluie. Le texte a été traduit en italien, et sur place, les personnes ont pu lire soit en français soit en italien. Le résultat a été un poème bilingue lié aux rencontres de ce jour-là. Par la suite, nous avons enterré le texte dans le jardin autour duquel nous avions tourné. Ce dernier acte de la performance, qui a eu lieu le 5 mars, balance davantage du côté de la psycho-magie. Et il est vraisemblable que la Pazza Marina ("Marina-la-folle" pour une traduction approximative) se réincarne quelque part, ou circule à travers les canalisations secrètes de l'époque arabe vers une autre ville.

Toutes les photos sont tirées des films tournés lors de la performance par le réalisateur Victor Missud.

premiers mètres de PAZZA MARINA

« e rifaccio il giro del giardino, ancora una volta, gli alberi se la passano davvero bene, passano da sopra, per natura, aprono lassù delle specie di piazze e stradine per gli uccelli, delle vie verdi di rami e foglie, una mappa complicata che conosce il vento, come il sole, che fa splendere i suoi raggi attraverso i ramoscelli dei nidi, e da lì spesso cadono ombre, toute cette dentelle-là est difficile, étirée parmi les mégots et les lignes d'urine, oh malheureusement ces traces-là sont familières de ce côté-ci de la grille, sous ces vilains lampadaires, e sul marciapiede anche le foglie sono morte, siamo noi ad essere rinchiusi dietro il cancello, è il mondo intero ad essere rinchiuso con la sua età adulta, ses chiffres, sa rouille, ses soudures humaines  » 

J'ATTENDS ET J'AI LA TÊTE DE CELUI QUI N'AIME PAS ÇA

19 janvier 2024 - La Plaine, place Jean-Jaurès - MARSEILLE

Pour les Nuits de la lecture 2024, j’ai proposé un événement de lecture hors lieu dédié à la littérature, à La Plaine. Le texte était la conversation téléphonique d’une personne qui en attend une autre, et qui se plaint qu’elle ne vient pas. J’ai imaginé que pendant cette conversation, la personne tournerait en rond. Ainsi, j’ai écrit cette ligne de mots en une boucle, comme la forme même de l’attente dans l’espace public.

Toutes les photos sont de Elsa Marchand-Cormery qui a été médiatrice sur cette performance

premiers mètres de J'ATTENDS ET J'AI LA TÊTE DE CELUI QUI N'AIME PAS ÇA

« Allô ?… oui je t'entends… rien, j'attends… j'attends et j'ai la tête de celui qui n'aime pas ça… à La Plaine là je tourne… oui… donc oui je te disais la photo… voilà… mais qu'est-ce que tu veux que je mette dans le post ? je vais pas écrire « été 2023 souvenirs avec »… j'ai aucune envie de me rappeler l'été dernier et cette photo c'est le symbole avec lui… à La Ciotat… non il me l'avait envoyée tout de suite dans le bus en rentrant à Marseille… je te raconte en fait je savais qu'il avait une autre photo cool de moi sur les rochers… parce que je lui avais demandé de la prendre avec son tel sur le moment parce que j'avais plus de batterie mais celle-là il me l'avait jamais envoyée et ce matin en y pensant je lui ai mis… attends je retrouve le message exact… voilà : « Hey comment ça va après tout ce temps, je sais que tu as gardé une super photo de moi quand on est allé à La Ciotat cet été, on était sous les pins, est-ce que tu peux me l'envoyer, j'en ai besoin. Bises, j'espère que tu te portes bien »… ben lui il m'a répondu « Hey, et elle où celle que je t'avais envoyée dans le bus pourquoi tu l'as jamais postée ? »… mais… non mais moi sa vieille photo je vais rien en faire…  » 

LES TRAVERSÉES DE L'OMBRIÈRE

12 au 17 décembre 2023 - Le Vieux-Port - MARSEILLE

Performance réalisée au Vieux-Port de Marseille, sous l’Ombrière de Norman Foster, de 8 heures à midi, pendant cinq jours. Parce que ce lieu se prête déjà par son architecture au regard sur soi, j’ai voulu prolonger cet aspect en écrivant des textes inspirés des conversations entendues sur place, et en faisant suivre à ces lignes les trajectoires des passant.es que j’avais cartographiées. J’ai donc récolté des récits à la volée, entre marché aux poissons, point de rendez-vous des scolaires, lieu incontournable des visites touristiques, autour de cette promenade affectionnée plus que nulle autre par les Marseillais.es.

Les photos sont de Elsa Marchand-Cormery et de moi-même

la première des TRAVERSÉES DE L'OMBRIÈRE

« Il y a eu une poussette qui a glissé dans le bassin, et ils se sont rendus compte que l'esplanade n'était pas droite… ouais avant là il y avait les voitures, mais là tu pouvais marcher quand même, et il y a une poussette qui est tombée je te jure et le petit avec c'est horrible… et voilà c'est pour ça qu'ils ont tout refait avec les grandes dalles, et si tu regardes tu peux poser un ballon il tombe pas dans l'eau, c'est ça qu'ils ont changé, et ils en ont profité pour mettre un miroir pour qu'on se prenne en photos… mais si je l'ai lu sur internet…» 

AMITIÉS

26 septembre 2023 - Quartier Nationale et des Olympiades, 13e - PARIS

Amitiés est une performance d’écriture à la craie sur les trottoirs du 13e arrondissement de Paris, sur près de 2 kilomètres, de 10h à 17h, depuis le métro Nationale jusqu’à la dalle d’Olympiades. La performance s’est déroulée pendant les journées du Patrimoine. Je souhaitais mettre en avant la rue comme bien commun, vecteur d’histoires, personnelles et collectives, le long d’une ligne qui interroge notre place dans l’espace public. Le texte était une conversation téléphonique de deux vieux amis, d’une vingtaine d’années, entre Paris et Marseille. Ils évoquent la souffrance d’un autre gars de leur bande, et dévoilent leurs difficultés à se donner de la tendresse entre hommes. C’est la partie parisienne de la conversation qui a été écrite, celle de celui qui physiquement fait le trajet du métro Nationale à Olympiades, où se trouve son domicile. Les réponses à l’autre bout du fil ont été signalées par des points de suspension, laissées ainsi à l’imagination des lectrices et des lecteurs.

Les photos sont de Julie Trinckvel, les polaroïds de Alexandre Desson, et la médiation a été assurée par Elsa Marchand-Cormery

premiers mètres de AMITIÉS

« Oh le Marseillais… yeah… t'y a l'accent ça y est… t'es un ouf haha… nan je sors métro… tu connais… je devais reprendre un truc chez un pote dans le 18ème… là rien je rentre dans le 13… alors si j'ai regardé les billets et… ouais le 10 c'est ça tu m'avais dit ok ?… donc le 10… « pas trop cher » ?! mec c'est hyper cher genre 100 boules !… nan l'aller juste l'aller… mais c'est n'importe quoi la SNCF… ouais… ben pour le retour j'en ai un pas trop trop cher à 6 heures du tam… le mardi… mardi mec… bah achète toi des écouteurs haha !… j'ai plus de jours, c'est septembre mon vieux… eh nan moi non… en même temps tant mieux, ça déprime, tout le monde télétravail dans le train ça devient un espace de coworking… on pourrait dévier le train on s'en rendrait compte en sortant de la gare… aussi haha… bref pour venir une semaine à ce prix là c'est… ouais et deux semaines c'est pas possible là… t'as deux jours où c'est pas hors de prix le mardi, le mercredi… jeudi aussi et voilà… je vais surveiller les prix mais bon… sinon novembre ?… pour moi octobre c'est mort… je te dirai… oui tu me disais quoi par message sur Lo' ?… ouais… » 

AUDE

2021 ; 2022 : à trois reprises - quartiers du Camas et Sébastopol, 5e - MARSEILLE

Mes premières explorations de l’espace public se sont faites à travers le texte de Aude. Une vidéo d’archive est disponible avec ce lien.

Aude se déroule de minuit à 4 heures du matin, et expose sur le trottoir le fil de pensée d’une jeune femme qui rentre chez elle en pleine nuit. Je me suis intéressé, par l’observation et la récolte de témoignages, aux émotions qui traversent le corps et l’esprit d’une jeune femme, quelle expérience fait-elle de la rue de nuit, seule, dans ce quartier du centre-ville de Marseille.



Les photos sont de Alexandre Desson

premiers mètres de AUDE

«  Un premier pas puis le deuxième, une jambe lancée puis la droite, va sur une ligne jusque chez toi, Aude, marchent bottine blanche et l'autre, au-dessus des coulées sèches, le grain du sol, les mégots sont plats, Aude rentre pour ça ce fond de rue, c'est bon trajet 

la lune est tombée comme un drap ici-bas, bah, bah, bah, les toits de voiture ont des petits coussins jaunes que leur donnent les lampadaires ; mon envie de rayer avec la pointe d'une clé pour boîte aux lettres, mesquine, pourquoi il n'y a jamais de grande cicatrice sur les carrosseries je n'en ai jamais vue 

Karl chez toi on ne voyait pas la lune mais en face les façades faisaient un U couché, avec les balcons le long, barreaux serrés, dents de fer sur des bouches éteintes, fenêtres qui exploseront de watts à l'heure où je dormirai encore sans doute ; 

je marche comme somnambule sur un fil à ras ; … »